Pourquoi les interprètes en langue des signes sont-ils si importants?

Imaginez aller chez le médecin pour recevoir un diagnostic et ne pas pouvoir communiquer avec lui ou comprendre ce qu’il vous dit. Imaginez assister à une conférence, prendre part à une rencontre parent-enseignant, faire une entrevue d’embauche, rencontrer un travailleur social ou un avocat…et ne pas pouvoir communiquer avec eux.

C’est ce que vivent plusieurs personnes sourdes lorsqu’elles doivent accéder à ces services sans interprète en langue des signes, faute de disponibilité de ceux-ci.

C’est pourquoi ces interprètes jouent un rôle essentiel à l’accessibilité universelle.

Les différentes langues des signes


Il existe différentes langues des signes tout comme il existe différentes langues orales. Au Québec, la communauté sourde francophone utilise la Langue des signes québécoises (LSQ) et la communauté sourde anglophone utilise l’American Sign Language (ASL). Tout comme les langues orales, les langues des signes ont chacune leur grammaire et leur syntaxe, elles évoluent avec l’usage et ont des spécificités régionales.

Une pénurie qui pose problème

Le Québec vit présentement une pénurie d’interprètes en langue des signes. Les centres d’interprétation de la province sont obligés de refuser 15% des demandes de service par manque de ressources.

Les choix sont parfois déchirants. Des personnes sourdes qui visitent l’hôpital d’urgence n’ont pas toujours accès à un interprète et ne peuvent pas bien communiquer avec le personnel de soin. Certains services, comme les services juridiques et les rendez-vous bancaires doivent être relégués au second rang de priorités.  

Communiquer à l’écrit?


Oui, l’écrit peut être une façon de communiquer avec une personne sourde. Toutefois, ce n’est pas une solution pour toutes les situations puisque la proportion d’analphabètes fonctionnels est plus élevée parmi les personnes sourdes que dans le reste de la population.

Il manque de financement et de personnel et les choses ne semblent pas vouloir s’améliorer. La seule attestation d’études collégiales (AEC) en communication et études sourdes qui était offerte vient d’être annulée faute de financement. Cette AEC servait d’entrée dans le domaine pour les futurs interprètes qui allaient ensuite entreprendre la majeure en interprétation à l’UQAM.

Un métier difficile, mais valorisant

Le travail d’interprète en langue des signes est difficile et demandant, mais aussi très valorisant. C’est un emploi qui est en forte demande.

Les interprètes jouent un rôle primordial dans la vie des personnes qu’elles accompagnent. En leur permettant d’obtenir un diplôme d’études supérieures ou en les accompagnant lors d’un accouchement par exemple.

De grandes responsabilités


Les interprètes ont de grandes responsabilités et un code professionnel rigoureux. Ils doivent :

  • Rester neutres dans les échanges sans intervenir.
  • Traduire l’intégralité des propos échangés.
  • Protéger la confidentialité.

Certaines situations peuvent être difficiles et aller à l’encontre des valeurs d’un interprète. Dans certains cas, il peut être difficile de rester neutre.

Mais les interprètes en langue des signes sont nécessaires pour communiquer et transmettre les émotions, les subtilités de la langue, les intonations et ainsi permettre une véritable inclusion des personnes sourdes. Ce côté humain est difficilement remplaçable.

Pour une société plus inclusive

En ce moment, aucune langue des signes n’est reconnue officiellement au Québec. Leur reconnaissance est toutefois nécessaire pour garantir aux personnes sourdes l’accès aux services, l’inclusion sociale et le respect de leurs droits.

Il faut plus de financement pour offrir de meilleurs services d’interprétation et des technologies de communication accessible. Ainsi, en tant que société, nous pourrions réduire les barrières qui persistent pour les personnes sourdes et malentendantes.

Le marché de l’emploi


Préjugés, absence d’adaptations, le marché de l’emploi est difficilement accessible aux personnes sourdes. Leur taux de chômage et de sous-emploi tourne autour du 50% alors qu’il est 10 fois moindre pour les personnes entendantes (moins de 5%).

Une sensibilisation aux langues des signes pourrait aussi être faite auprès des jeunes. En offrant des cours optionnels de langue des signes au primaire et au secondaire, par exemple. Cela encouragerait l’ouverture vis-à-vis des personnes sourdes et malentendantes et pourrait même intéresser certains jeunes au métier d’interprète.

Une question d’accessibilité universelle

Pourquoi les interprètes sont-ils aussi importants? C’est une simple question d’accessibilité universelle. Les personnes sourdes, comme tout le monde, méritent d’avoir un accès aux services, d’occuper un emploi, de profiter d’activités culturelles et de sport adapté à leurs besoins.

Les interprètes en langue des signes peuvent aider à rendre cela possible. Mais pour cela, il y a un besoin criant de relève, de formation, de financement et de ressources.

À lire également :

Conservation du patrimoine bâti et accessibilité universelle : une combinaison possible?

Crise du logement et handicap physique : situation préoccupante

Sources

AQEPA – Apprendre la LSQ

Radio-Canada – Des attestations d’études collégiales annulées à quelques jours de la rentrée

Radio-Canada – Une pénurie d’interprètes prive les personnes sourdes de services essentiels

La Presse – La pénurie d’interprètes fait mal aux sourds et malentendants

SIVET – Un interprète français-LSQ, à quoi bon?

Code de déontologie des services régionaux d’interprétariat (SRI)

La Presse – Interprètes en langue des signes québécoise Ceux qui ont brisé mon plafond de verre

REQIS – Pétition pour la reconnaissance officielle des langues des signes au Québec (LSQ et ASL)

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